Comme tous les matins votre Prunette adorée sort de son immeuble et se dirige de son pas souple et léger telle la passante de Baudelaire vers son arrêt de bus.
Comme tous les matins elle croise des gens dans la rue, elle entend des brides de conversations des passants et ce matin elle entend : « c’est vrai qu’elle est pas mal, vas y lance toi. ! »
Et là nous basculons dans la quatrième dimension
« Mademoiselle (oui il s’adresse à moi il a l’espoir qu’à mon âge je ne sois pas mariée, d’un autre côté il a pas tort) je vous vois tous les matins et il faut que je vous dise que vous êtes la plus belle femme qu’il m’ait été donné de voir, et j’espérais que vous accepteriez de venir prendre un café avec moi avant d’aller prendre votre bus » (les lecteurs noteront que l’interlocuteur connaît bien votre Prunette car il sait qu’elle prend le bus, mais la Prunette sentait que son speach avait été répété maintes et maintes fois)
« Je ne bois pas de café » est tout ce que la Prunette trouva à dire.
« C’est une manière polie de me dire que je ne vous plait pas, je le savais je vous ai vu plusieurs fois avec un autre je me doutais bien que vous n’étiez pas disponible, une femme aussi charmante ne pouvait pas être célibataire, et bien merci de m’avoir écouté et pardon de vous avoir importunée » et le voilà qui s’éloigne… Avec tout ça j’en ai raté mon bus…