Avec presque un mois de retard (oui mais ce fut un mois mouvementé ne m’en voulez pas…) voici les écrits gagnants du concours. Aujourd’hui je vous présente la prose d’Alain qui a gagné un pot de ma délicieuse confiture de lait souvent imitée jamais égalée… Itinéraire bis autour de la pomme d’api, voilà les hauts faits d’un petit couteau : fines épluchures qui délivrent la chair interdite du fruit défendu. Jamais je n’ai pu supporter la peau de la pomme d’Adam, toujours il me fallait la mettre à nu pour trouver derrière cette vaine protection le sucré délicieusement juteux, le croquant doucement sous mes dents aiguisées d’un appétit d’oiseau car des pommes, sous les pommiers j’en ai beaucoup laissées sous le soleil vertueux de ma jeunesse où heureuse et folle, sans retenue, soulevant ma robe sans autre motif que d’y voir plonger le vent dans les motifs imprimés de l’été, se délecter des couleurs roses et si tendres à se rompre du tissu de soie, des fibres qui de moi s’étaient gorgées et ainsi jetées parfumaient la terre tout entière. Je folâtrais, perdue entre les pommes dans mes pensées où je préférais de loin les pommes d’api aux pommes d’Adam, ces dernières bien fermes et souvent dures voir raides sous la dent n’avaient pas la rondeur, l’onctuosité, la légèreté dévêtue qu’Api à quatre heures, au goûter, sous la tonnelle où Bacchus hier s’était livré à l’enivrement dont subsistait encore sous le treillis de vignes vierges l’odeur entière, sauvageonne qui s’enfuie nue dans les bois où je la poursuivis tant de fois, dans le même appareil, sans rien d’autre que cette belle nature pour sous-vêtement, juvénile et gracieuse, à la recherche du même plaisir d’aimer des pommes dont nos joues garderaient à jamais le secret.